Pluralité(s) des langues, pluralisme linguistique : quels enjeux pour les systèmes d'éducation et de formation ?

Elisabeth Regnault

 

 

XXIIIème CONGRES INTERNATIONAL

D'EDUCATION COMPAREE

STRASBOURG

du 8 au 10 juillet 1999

 

C'est à Strasbourg, siège du Conseil de l'Europe, qu'ont été élaborés deux instruments majeurs de comparaison internationale en matière de politiques linguistiques. L'un est le "Cadre européen des langues" ; l'autre est le "Portfolio", sorte de "Passeport linguistique" pour tous les Européens, pour tous les apprentissages, pour tous les âges, pour tous les niveaux de maîtrise, à l'école, avant l'école, à coté de l'école, après l'école, à 3 ans, à 80 ans...

 

C'est à Strasbourg également et c'est sur ces deux sujets et de nombreux autres que s'est déroulé un Congrès scientifique international d'Education comparée organisé par le département de sciences de l'Education de l'Université Louis Pasteur de Strasbourg, sous la responsabilité d'Elisabeth Regnault et de l'Association Francophone d'Education Comparée (AFEC). Fondée en 1973, cette association est un espace de rencontres et d'échanges pour les chercheurs, les enseignants, les administrateurs des pays francophones et non francophones, soucieux d'une réflexion comparatiste sur les problèmes éducatifs de notre époque. Elle regroupe ses membres essentiellement en Europe, en Amérique(s), et en Afrique. Sa Présidence est assurée par Jean-Michel Leclercq.

 

Le Congrès a été soutenu par l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres d'Alsace qui a non seulement apporté une aide financière mais qui a aussi délégué son directeur, Denis Goeldel, pour participer à la table ronde finale "Mondialisation, langue, éducation" ; son directeur-adjoint, directeur du Centre de formation aux enseignements bilingues, Daniel Morgen et trois maîtres de conférences, Anémone Geiger-Jaillet, germaniste, Christine Hélot et Andréa Young, anglicistes. Le Conseil Régional d'Alsace, le Conseil Général du Bas-Rhin, la Mairie de Strasbourg, l'Office Régional du Bilinguisme et la Délégation générale à la langue française ont également aidé à la réalisation de cette manifestation.

 

Ce Congrès international s'est donné pour objectif d'étudier, dans une perspective comparatiste tant géographique qu'historique, la pluralité des langues à partir de situations de fait : coexistence de langues nationales, internationales, régionales, des migrants et autres minorités, mais aussi les contacts et les conflits linguistiques sur un territoire, etc. Trois questions émergent de cette problématique : dans quelle mesure le pluralisme linguistique, connu comme une organisation politique de la pluralité des langues, est-il ou non en contradiction avec une tendance à une uniformisation au niveau international ? Comment les systèmes d'éducation et de formation, pris dans ces enjeux, s'inscrivent-ils ou non dans cette problématique. Comment cherchent-ils ou non à articuler ces différents besoins?

 

Ce congrès a tenté d'articuler la dimension locale, européenne et internationale. C'est la raison pour laquelle Arlette Bothorel-Witz, de l'Université Marc Bloch, a ouvert le Congrès sur la question des langues en Alsace. Le lendemain matin, une conférence a été donnée par Francis Debyser du Centre International d'Etudes Pédagogiques de Sèvres et a permis de présenter le projet du Conseil de l'Europe "Le Portfolio Européen des langues". Dans l'après-midi, une table ronde a été organisée autour du projet "Eveil aux langues" soutenu par la Commission européenne. Les participants étaient Michel Candelier de l'Université de Paris 5, Diana Simon de l'Université de Grenoble et Christiane Perregaux de l'Université de Genève. La matinée du samedi a été organisée en trois parties : synthèse du Congrès, table ronde et conférence. C'était une séance gratuite ouverte à un public local plus large que celui du Congrès. La table ronde a tenté d'apporter des réponses sur les réalisations concrètes apportées dans le domaine des langues au sein de plusieurs espaces culturels (Alsace, Maghreb, Afrique, .....). Le thème était "Mondialisation, langue et éducation". Les participants étaient Gabor Boldizsar du Ministère de l'Education en Hongrie, Denis Goeldel directeur de l'IUFM d'Alsace, Lé Thanh Khoi de l'Université Paris V, Ahmed Moatassime de l'Université Paris I, Mwatha Ngalasso de l'Université de Bordeaux III. La conférence finale a été donnée par Philippe Barbaud de l'Université du Québec à Montréal sur l'économie mondiale des langues. Les travaux ont été clôturés par Monsieur Marc Debène, Recteur de l'Académie de Strasbourg.

 

Une centaine de participants, en provenance de zones géographiques diverses, était présente à ce Congrès (Allemagne, Australie, Bulgarie, Canada francophone et anglophone, Cameroun, côte d'Ivoire, Etats-Unis, Italie, Japon, Luxembourg, Pays Basque, Pologne, Portugal, Russie, Sénégal, Suisse, .... ). Ces personnes ont échangé dans des ateliers autour d'une problématique commune réunissant des espaces géographiques variés, ce qui a permis d'engager un débat comparatiste.

 

Voici quelques thématiques:

o La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires du Conseil de l'Europe

o Langue et multiculturalisme au Canada, aux Etats-Unis et en Russie

o Le plurilinguisme au Cameroun, en Côte d'Ivoire, au Rwanda et au Vanuatu ;

o Média, mondialisation et pluralité

o Effet de l'immigration sur le plurilinguisme en Angleterre, au Canada et en France

o Le bilinguisme scolaire en Alsace et en Bulgarie

o Politiques linguistiques éducatives au Canada et en Europe

o Langue et identité en Alsace, en Bretagne et à Madagascar

o Langues régionales : quels enjeux pour l'éducation ? le cas de l'Algérie, du pays Basque, du Pérou et la Réunion

o Langue et enseignement de la culture en Belgique, au Canada, en France et aux Etats-Unis

o Sociétés monolingues et plurilingues : l'exemple de la France, du Maghreb, de l'Australie et de Singapour

o Vers une société plurilingue : le cas de l'Allemagne, de l'Angleterre, de la France, de l'Italie, de la Pologne et de la Suisse.

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Des actes seront publiés et disponibles lors du prochain congrès qui aura lieu à Genève du 25 au 27 mai 2000 sur le thème "éducation et travail : divorce ou entente cordiale ?"

 

Le 27 septembre 1999

Elisabeth Regnault


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