L'enseignement de l'arabe en Alsace :
État des lieux , enjeux et perspectives


Nazih KUSSAIBI
Professeur agrégé, coordonnateur d’arabe au CRDP d’Alsace



     L’arabe est parlé par plus de 250 millions dans 22 pays arabes et appris par un milliard de musulmans pour une question religieuses. Il fait partie des 6 langues officielles de l’ONU.
L’enseignement de l’arabe en Alsace n’est pas nouveau : dès le XVIIIe siècle, on l’apprenait à l’université de Strasbourg. Une chaire d’arabe y a été créée en 1870, l’empire allemand avait des relations privilégiées avec les Ottomans à cette époque. Du reste, cette ouverture sur l’Orient avait déjà commencé au 18ème siècle : lors de son séjour à Strasbourg, de 177O-1771, GOETHE consacra une étude à la civilisation arabo-islamique. Au XIXè siècle, notre ville devint un pôle important dans le domaine de la langue et de la littérature arabes.
Divers chercheurs célèbres ont lancé la base des études islamiques tel Friedrich GEROCK, historien né à Strasbourg (1809-1881). Son étude porta sur l’image de Jésus dans le Coran. Mais l’impulsion réelle des études orientales a pris forme grâce à Théodor NÖLDEKE (1836-1930) qui fit de Strasbourg l’un des grands centres d’études orientales en Europe de 1872 à 1920. Plusieurs chercheurs firent leurs études universitaires à Strasbourg comme MULLER (m. en 1912), F. SCHWALLY (m. en 1919), YACUB (m. en 1937), sans oublier l’un des plus célèbres orientalistes BROCKELMANN ( m. en 1936), auteur de la Geschichte der arabischen Literatur (Histoire de la littérature arabe), Leyde, Brill 1943-949 : outil indispensable des chercheurs dans le monde entier sur les études arabes.
L’importance historique des études arabes à Strasbourg se retrouve dans la richesse du fond oriental de la BNUS. C’est à partir années cinquante que l’enseignement de l’arabe dans l’enseignement secondaire a pris son essor en Alsace : en effet, il était enseigné aux lycées Fustel de Coulanges et Kléber. La plupart des élèves, et ils étaient nombreux, étaient d’origine française. Aujourd'hui, on peut l’apprendre comme première, deuxième ou troisième langue, au collège et au lycée, à Strasbourg et à Mulhouse.


LES QUATRE STRUCTURES DE L'ENSEIGNEMENT DE L’ARABE EN ALSACE :

Comme dans les grandes ville en France, l’arabe est enseigné à Strasbourg dans quatre cadres :

I- Le cadre associatif, au centre socioculturel : il s’agit de cours laïques, pour les enfants des classes primaires. Peu d’enfants suivent ce cours.

II- Le cadre cultuel : il s’agit de cours assurés par des mosquées, des lieux de culte : le but premier des parents qui y envoient leurs enfants est d’apprendre la religion et accessoirement l’arabe pour lire le Coran. Le nombre des élèves suivant ces cours est très important. Une recherche identitaire est derrière cet engouement, car les autres structures ne remplissent pas cette attente des parents. Pourtant, ces cours sont assurés dans la plupart des cas par des non spécialistes en pédagogie et des non arabisants. Ils utilisent des méthodes souvent dépassées, faute de moyens !

III- Le cadre de l’ELCO (Enseignement de Langue et de Culture d’origine à l’école primaire) Dans le cadre d’accords bilatéraux entre la France et l’Afrique du Nord notamment, un enseignement des langues étrangères est dispensé à l’école primaire. Les enseignants sont envoyés et payés par leur pays.

Le nombre des élèves dans le Bas Rhin s’élève à :

* 761 d’origine marocaine en 1999, - 891 en 2000-2001
* 244 d’origine algérienne en 1999, - 315 en 2000-2001
* 10 d’origine tunisienne en 1999, - 122 en 2000-2001.
Dans le secondaire il y a 26 Marocains et 66 Tunisiens.

Le problème qui se pose est l’approche pédagogique : elle est différente selon les pays. Chaque enseignant transmet sa langue, l’arabe, comme sa langue maternelle. Pourtant, les écoliers auxquels il s’adresse sont avant tout assimilés à une culture française et ont des besoins pédagogiques spécifiques. En revanche, en ce qui concerne l’allemand, surtout en Alsace, ou l’anglais à l’école primaire, c’est l’état français qui les prend en charge complètement.

Tout cela amène les élèves à mal percevoir leur langue, malgré le grand effort déployé par ces enseignants arabisants et diplômés et même si certains élèves s’y intéressent, la plupart sont désorientés. C’est le même phénomène qui se reproduit avec l’enseignement proposé par des associations ou des centres socioculturels. Les enfants veulent faire comme les autres. D’ailleurs, l’Académie de Strasbourg, pionnière en matière de formation avec le service du CRAVIE, a réalisé à plusieurs reprises des stages de formation adressés aux enseignants de LCO, chose à encourager et à poursuivre de la part du service du CAFOC.

La question s’aggrave encore d’un point de vue matériel : l’emploi du temps de l’écolier est parfois inadapté à l’assiduité aux cours d’arabe. De plus, il arrive fréquemment que l’enfant suive cet apprentissage dans son quartier, en primaire, mais ne puisse pas poursuivre ensuite au collège quand il n’y a pas de classe ouverte près de chez lui.

Il est temps que l’Éducation Nationale et les pays concernés fassent le bilan d’une telle expérience. L’approche de la question doit être changée. Pour nous, il est urgent que l’Éducation Nationale prenne en charge cet enseignement.

IV- Le cadre de l’Éducation Nationale :

Dans l’enseignement, l’arabe a le même statut que les autres langues. Il est pris en charge par l’Éducation Nationale au même titre, il fait partie du cursus scolaire dans un cadre laïque et n’a rien à voir avec les pays étrangers.
Bien qu’il soit logique que les enfants issus de l’immigration maghrébine choisissent cette langue pour des raisons familiales, son enseignement est ouvert à tous les élèves de toute origine, d’autant plus que notre objectif est de décloisonner cette langue. Elle est enseignée avec des méthodes tout à fait modernes et s’adresse aussi aux enfants qui n’ont jamais pratiqué l’arabe.
L’apprentissage de cette langue n’est pas plus difficile qu’une autre et il est plaisant de connaître une nouvelle forme d’écriture. Celle-ci est du reste mise en valeur par l’art de la calligraphie.


  Quel arabe est enseigné au collège ?

L’élève apprendra à distinguer les différents types de discours : arabe littéral moderne; arabe dialectal (du Maghreb et du Machrek), donc le dialecte maghrébin n’est plus exclu du cours de langue arabe moyen.


  Quelles sont les structures de l’apprentissage de l’arabe ?

L’apprentissage de l’arabe commence dès la classe de 6ème sous deux formes : comme 1ère langue ou sous forme anglais + découverte/apprentissage de l’arabe à partir de la 6ème (autrefois appelés trilingue). Comme LV2, l’apprentissage de l’arabe commence dès la classe de 4ème dans plusieurs collèges, et comme LV3, il commence en seconde au lycée Jean Monnet à Strasbourg.


  Les élèves ont à leur disposition :

* des livres de lecture adaptés à leur connaissance (le collège va constituer un fond d’arabe au CDI).
* des revues en langue arabe.
* des CD-ROM et des logiciels d’apprentissage de l’arabe avec des possibilités de travailler sur Internet en autonomie ou guidés par le professeur, sur une profusion de sites en arabe !

Au lycée l'arabe est enseigné comme LV1, LV2, LV3 ou en post-bac. Dans le secondaire la plupart des élèves qui ont choisi l’arabe comme première langue sont d’origine maghrébine ou issue de mariages mixtes.
Depuis 10 ans, une expérience déjà confirmée, a été lancée pour enseigner l’arabe en classe trilingue anglais-arabe dans plusieurs établissements à Strasbourg et à Mulhouse. L'attrait de l’anglais peut expliquer cet engouement. En revanche, malgré nos efforts, cette expérience n’a pas été étendue à une section de trilingue allemand - arabe ! Pire encore, cette expérience a avorté avec l’arrêt de mort des classes trilingues à l’exception des trilingues allemand-anglais.
De plus, si la LV2 est assurée au centre ville de Strasbourg, la LV1 y est absente, alors qu’un besoin réel existe.


  Lycées professionnels et en BTS

Depuis quelques années, l’arabe est enseigné dans plusieurs lycées professionnels (environ 150 élèves ), l’Académie de Strasbourg est pionnière dans ce domaine. En outre, l’enseignement de l’arabe est assuré en classes préparatoires et en BTS : assistance de direction anglais-arabe. L’Institut d’Études Arabes et Islamiques de l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg (Marc BLOCH) assure la continuité des études jusqu’au doctorat. D’autre part, depuis plusieurs années, on note une demande croissante à Colmar et à Haguenau (les élèves de L.P. doivent venir jusqu’à Strasbourg soit 40 km).


  Les ouvertures récentes de classes d’arabe

Plusieurs actions entreprises ont abouti en 1996-1997 : ouverture de l’arabe dans divers établissements comme première et deuxième langue. D’autres sont restées vaines, car plusieurs chefs d’établissement ressentent une crainte qu’ils expriment par la formule : “Pourquoi chez nous ?”, de peur que cette implantation donne une mauvaise image de l’établissement et accroisse le nombre des élèves d’origine étrangère! N’est-ce pas un faux problème qui fait partie de l’imaginaire ?


  Les difficultés de recrutement

Outre les difficultés de recrutement des élèves que l’on rencontre à travers toute la France, se pose le problème de la stabilité de l’effectif d’une année à l’autre. Le maintien de l’effectif au collège est assuré grâce à une présentation, faite par le professeur d’arabe en classe de CM2 et en 5ème, démontrant l’intérêt du choix de cette langue. En ce qui concerne les classes préparatoires : la majorité des élèves viennent de l’étranger, plus particulièrement d’Algérie ou du Maroc; or, l’Algérie n’a envoyé aucun élève depuis la rentrée 1995. La quasi totalité de nos élèves sont d’origine arabe, le temps où les enfants d’origine française apprenaient l’arabe est révolu.


  Promouvoir l’image de la culture arabe

Depuis des années et avant les autres académies de France, plusieurs actions ont été menées pour promouvoir la langue arabe :

* Des stages sont organisés pour les professeurs d’arabe d’Alsace. Ces rencontres sont élargies aux collègues non arabisants, en plus des rencontres avec les enseignants d’arabe de l’école primaire (ELCO), pour harmoniser la pédagogie dans l’intérêt des élèves.

* Constitution d’un groupe de recherche, pendant deux ans pour changer l’image “collée” à l’arabe.

* Mise en place, depuis 1977, d’un C.R.E.A. (Certificat Régional d’Excellence en Arabe) : il s’agit d’un certificat, propre à notre académie, adressé aux meilleurs élèves arabisants de 3ème. Il a été mis en place , dans le but de valoriser les élèves travailleurs et sérieux.


  Production pédagogique

* Une cassette vidéo sur la calligraphie arabe a été réalisée par le CRDP d’ALSACE .- - Les Fables arabes en comparaison avec celle de La Fontaine, avec un cahier d’exercices, publiées dans TEXTARAB à Paris. Dossier élaboré par des professeurs d’arabe de l’Académie de Strasbourg : la première partie intitulée “Les FABLES de Luqmân, éditée par TextArab, n° 41, 1996 et la deuxième partie “Dix FABLES de Luqmân et d’Ibn al- Maqaffa‘ ”, éditée par TextArab, n° 53, Septembre-octobre1998 comportent une batterie d’exercices. L’ensemble constitue une partie du projet que nous comptons réaliser sur Les Fables dans la Littérature Arabe. Il s’agit d’un document adressé aux professeurs du secondaire, réalisé à l'occasion du IIIe centenaire de la mort de La Fontaine. Nous avons travaillé sur seize fables tirées du livre des FABLES du sage Luqmân, traduites en plusieurs langues et imprimées en latin et en arabe dès 1615 à Leyde. La Fontaine lui même souligne l'influence orientale dans son édition de 1678, notamment celle de "Locman" et du sage indien Pilpay (ou Bidpaï) dont l'oeuvre est traduite en français dès 1644. Il s’agit d’un édition critique, en arabe avec une traduction en français, des FABLES du sage Luqmân, basée sur un manuscrit écrit en 1016 de notre ère, et celles d’Ibn al-Muqaffa‘ d’al-Gâhiz et Des Mille et une Nuits. Ce travail sera édité sous forme d’ouvrage par le CRDP d’Alsace suite à sa validation récente par l’Observatoire de l’Édition du CNDP à Paris.

* Des expositions sur la langue et culture arabes.

* Création d’une section de langues orientales à l’instar des sections européennes, au collège J. Twinger à Strasbourg, en 2001. Cette action phare est la première du genre dans toute l’Alsace, elle vise à décloisonner l’enseignement de l’arabe. Les élèves arabisants font 2 h par semaine en plus de l’enseignement de l’arabe, une heure en musique et arts plastiques l’autre en arabe. Un échange scolaire avec certains pays de monde arabe a été amorcé (cette année nous l’avons fait avec le Maroc). Il s’agit d’une section qui favorise l’apprentissage d’une langue de communication internationale (l’arabe) et l’étude d’une culture vaste et variée qui englobe la culture d’origine, mais qui ne s’y limite pas. Elle favorise également l’interdisciplinarité, soutenue par des professeurs d’arts plastiques, de musique et d’arabe et permet une meilleure connaissance de l’histoire, de la civilisation et de la culture arabo-musulmanes. F3 Alsace a présenté cette section aux informations de 19h55 le 13/12/2001.

* Création de deux sites d’arabe : l’un sur le site Internet de l'Académie de Strasbourg :
    www.ac-strasbourg.fr/pedago/langues/arabe/index.cfm
    et le 2ème sur celui du CRDP d’Alsace :
    www.crdp-strasbourg.fr/siteStatique/arabe/index.htm .

* Projet de Création de pages Web (lexique professionnel) sur le site Internet de l’Académie de Strasbourg (Cf. notre article « Les nouvelles technologies de l’enseignement de l’arabe », in Bulletin Régional de l’APLV, n° 62, juin 2001, p.6.).

Il va de soi que toutes ces actions sont menées grâce aux efforts des professeurs, au soutien des chefs d’établissements, aux encouragements du Rectorat et de l’Inspection d’arabe.


  Carences et difficultés :

Malgré tous les efforts consentis, les quatre structures ne touchent qu'une partie infime du potentiel, même pas 15% des élèves issus de l’immigration. Les enfants ne sont pas toujours conscients de l’intérêt de l’apprentissage de la langue arabe, à leur âge ils préfèrent la langue de Michael Jackson. C’est souvent à l’âge adulte qu’ils se rendent compte du bien fondé d’un tel apprentissage.

Enfin, peut-on imaginer que l'arabe n'est enseigné dans un aucun établissement scolaire à Colmar, et qu'à Mulhouse, il ne l'est que dans un seul collège et lycée ? Pourtant, nous demandons cette ouverture depuis dix ans !

Récemment, le Ministre de l’Education s’est prononcé pour l’enseignement de deux langues étrangères dès la classe de 6ème. Il est urgent de revoir la décision du Rectorat de Strasbourg visant à ne mettre en place que les classes trilingues pour l’allemand+l’anglais suite à la demande expresse des élus alsaciens. La convention « état-région » du 18 octobre 2000 assure la prépondérance de l’allemand dans le primaire, alors que le binôme allemand-anglais au collège met en péril l’existence des langues à faible diffusion notamment l’arabe et que les évolutions démographiques et culturelles nourrissent l’existence d’une demande sociale forte pour un enseignement de l’arabe dans le cadre de l’école laïque. La motivation des élèves et la culture de non violence que nous cherchons tant à promouvoir ne passent-elles pas, entre autres, par la mise en valeur de la culture des enfants issus de l’immigration ?

Aussi demandons-nous la remise en place d’un couple de langues étrangères à faible diffusion comme l’allemand+l’arabe  et surtout l’anglais+l’arabe. Le fait de l’interdire condamne la langue arabe à disparaître comme première langue en 6ème. Ce qui s’est d’ailleurs passé au collège de Cronenbourg à Strasbourg et au collège de Bourtzwiller à Mulhouse ! Un autre problème concerne l’enseignement de l’arabe au lycée professionnel et technique : depuis quelques années l’Académie de Strasbourg était pionnière dans ce secteur. L’arabe était enseigné dans plusieurs établissements dont le lycée Jean Mathis (2h par semaine), le seul établissement spécialisé en automobile, secteur important pour l’exportation dans les pays arabes. D’ailleurs, un travail lexical français-arabe a été réalisé à Strasbourg dans le cadre d’un projet d’innovation. Cet établissement ne donne plus la possibilité de faire de l’arabe, ni comme 1ère langue ni comme 2ème langue (préparation à l’oral).

Les élèves qui ne pouvaient pas faire de l’arabe dans leur lycée, faute de nombre, furent regroupés avec les autres langues à faible diffusion au lycée Jean Geiler de Kaysersberg. Le samedi matin, il y avait au moins 130 élèves qui fréquentaient ce cours, car le lycée se trouve au centre ville, ce qui facilite le déplacement des élèves. Ce regroupement s’effectue actuellement au lycée Marcel Rudloff à Hautepierre, pour la 2ème année consécutive avec un nombre qui ne dépasse pas les 15 élèves. Nous avons prévenu que ce déplacement ne serait pas dans l’intérêt des élèves.  En ce qui concerne la préparation des professeurs d’école à l’IUFM : plus de la moitié des professeurs choisissent l’anglais et le reste l’allemand … pourtant dans la réalité l’enseignement de l’allemand est plus répandu à l’école primaire que celui de l’anglais… Ne serait-il pas plus judicieux de donner la possibilité aux futurs enseignants de choisir d’autres langues ? On pourrait ainsi envisager des cours de sensibilisation à l’arabe par exemple, pour que cet enseignement soit à long terme pris en charge par l’éducation nationale au lieu de le laisser à l’ELCO (avec des enseignants qui ont forcement une orientation tournée vers leur pays d’origine et une vocation à transmettre des modes de vie). D’ailleurs l’évolution démographique sus-mentionnée impose aux nouveaux enseignants une connaissance nouvelle concernant la langue et la culture des enfants issus de l’immigration.


  Quelle stratégie pour pallier aux insuffisances des structures actuelles ?

Espérons que l'enseignement de l'arabe dans le cadre du cursus scolaire laïque ne sera pas mis à l'index en Alsace et que cet enseignement prendra sa place voire même sera encouragé dans une société humaniste sachant qu'une bonne partie de nos concitoyens sont issus de l'immigration maghrébine.



Nazih KUSSAIBI


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